Mobb Deep - Hell On Earth

Chronique
Quand les tensions montent entre l’est et l’ouest, Havoc et Prodigy (Mobb Deep) prennent les armes pour leur ville et se place dans les tranchées prêts à défendre l’honneur du rap East coast.
Les deux de Mobb Deep ne veulent pas se laisser décrédibiliser par qui que ce soit et ils montent au fer, un an après leur second album Infamous, pour prouver que New York n’a rien de tendre et que s’il y’a le soleil en Californie, de leur coté c’est l’enfer sur terre, une vision qu’ils viennent défendre avec un troisième album brulant, Hell On Earth.
Dès le début, on sent bien que l’on est plus proche de l’enfer que du soleil et des plages californiennes, Hell On Earth a un son froid et sombre qui nous saisit d’entrée comme les deux rappeurs reflétant parfaitement, à travers leurs rimes, l’ambiance des rues de la métropole de l’est américain, comme l’illustre parfaitement Animal Instinct qui nous place immédiatement dans leur vibe avec un boom bap sec, des samples simplement bouclés mais envoutant et accompagnés par les lyrics arrogants et hardcore des deux rappeurs.
Havoc et Prodigy n’ont pas le temps de faire danser, leurs lyrics reflètent le coté le plus cru de la rue et ses crimes, et à travers leurs paroles, on a aussi l’impression d’être au milieu de l’enfer comme à l’écoute du méchant Man Down ; mais on bouge sans complexe tant la formule établie par le groupe marche bien et tout amateur de bon thug rap ne peut rester indifférent devant les hits underground que compose le duo, à son apogée pour faire de chaque morceau un vrai hymne pour les thugs avec bien sur les classiques G.O.D Pt.III et ShookOnes Part I mais aussi Drop A Gem On Em ou le tout aussi irrésistible Can’t Get Enough Of It définissant parfaitement le style murda muzik du groupe.

Le son froid et envoutant, fournit par Havoc, convient parfaitement au duo dont les performances au micro avec des lyrics fait de gros flingues, violence mais aussi beaucoup de technique et des flows terribles séduisent, comme sur un Hell On Earth (Front Lines) ou un Get Dealt With.
Ils ne font pas de concession et se dépeignent comme des soldats de rues sans pitié dans leurs textes mais ce qui prévaut, c’est surtout la technique et l’écriture comme sur le très direct Give It Up Fast où l’on assiste à un échange de rimes fabuleux entre le groupe, Nas et Big Noyd qui a de quoi faire frémir plus d’un emcee, à l’image aussi d’un Apostle’s Warning ou encore le sanglant Bloodsport.
Les deux semblent être à leur meilleur niveau et difficile de ne pas être appelé par le coté glacial et noir de ces beats comme par les rimes de Havoc et Prodigy, particulièrement en forme sur cet album. Et c’est encore meilleur quand ils sont rejoints par des invités de choix comme Raekwon pour Nightmare Vultures ou Method Man sur Extortion, les deux membres du WU avec leur touche perso ajoutent quelque chose de plus qui rend ces deux morceaux encore savoureux.


Mais l’atout principal de cet album, en plus du talent des deux rappeurs, reste la qualité des productions d’Havoc, il produit l’ensemble de Hell On Earth et fait un travail prodigieux, donnant vraiment un son définitif et particulier à cet album qui devient additif comme le beat d’un Still Shinin’ ou encore More Trife Life, la musique d’Hav donne vraiment le ton et si ce n’est pas ce qu’il y a de plus recherché, le son de la moitié du groupe est des plus envoutant.Car il y a vraiment une aura particulière autour de Hell On Earth et même s’il n’y a pas de grande diversité dans le style, on est facilement pris dans l’univers de Mobb Deep, nous entrainant avec eux tout au long d’un album où il est dur de sauter même une chanson tant on reste captivé de la première à la dernière plage.
Mobb Deep nous plonge du coté obscur avec des hymnes hardcore de grande qualité, ils définissent ici l’essence même de leur style et servent bombe après bombe avec ce Hell On Earth qui est sans doute le meilleur exemple du talent du groupe, la pièce maitresse de leur discographie.